Sur le terrain, vous les voyez de plus en plus souvent : Duracool, Deepcool et autres fluides « alternatifs » pour la climatisation automobile, machines agricoles ou engins de TP.
Moins chers, en vente libre, présentés comme la solution simple pour contourner les contraintes du R134a et du R1234yf…
Sur le papier, tout semble parfait.
Mais dans la réalité d’un atelier, ces produits peuvent vite devenir un cauchemar : sécurité, conformité, assurances, casse compresseur… la facture peut être lourde.
Dans cet article, on fait le point de façon concrète, pour que vous puissiez décider en connaissance de cause.
Le contexte : pourquoi les fluides alternatifs gagnent du terrain ?
La majorité des systèmes de climatisation véhicule (VL, VUL, PL, agricoles, TP, manutention) fonctionnent aujourd’hui avec des fluides frigorigènes R134a (HFC) ou R1234yf (HFO).
Vous êtes confrontés à plusieurs réalités :
- Hausse des prix des réfrigérants classiques
- Réglementation stricte sur la manipulation et la récupération des HFC
- Pression temps / rentabilité au quotidien en atelier
Dans ce contexte, les fluides à base d’hydrocarbures comme Duracool ou Deepcool sont souvent présentés comme :
- moins chers,
- plus simples,
- plus « libres » sur le plan réglementaire.
C’est précisément là que commence le problème.
Des arguments commerciaux séduisants… mais trompeurs
Les argumentaires jouent sur plusieurs promesses très attractives pour un atelier de SAV :
- Pas d’attestation de capacité pour l’entreprise
- Pas d’attestation d’aptitude pour le technicien
- Pas de suivi des quantités récupérées, recyclées ou détruites
- Pas de risque de sanctions
En résumé : « Ce n’est pas un HFC, donc vous êtes tranquilles. »
Sauf que c’est faux.
La réalité du Code de l’environnement : vous restez concernés
Même si Duracool ou Deepcool ne sont pas classés comme HFC, la réglementation continue de s’appliquer dès qu’un système contient ou a contenu du R134a.
Concrètement :
- La récupération du R134a sur un circuit reste strictement encadrée par le Code de l’environnement.
- Le fait de remplacer le fluide d’origine par un fluide à base d’hydrocarbures ne vous exonère pas de ces obligations.
- Lors des opérations de récupération, recyclage ou traitement du R134a présent dans le système, vous devez toujours être en conformité.
Autrement dit : en injectant Duracool ou Deepcool dans un système conçu pour du R134a ou du R1234yf, l’atelier sort du cadre prévu par la réglementation.
Et en cas de contrôle ou de sinistre, c’est l’atelier qui est en première ligne.
Des risques majeurs pour la sécurité en atelier
L’AFCE (Alliance Froid Climatisation Environnement) a déjà mis en garde contre l’emploi de ces fluides à base d’hydrocarbures hautement inflammables, utilisés seuls ou en mélange.
Parmi les risques concrets pour vos équipes :
- Brûlure ou explosion lors d’une intervention
- Surtout si le technicien ignore qu’un fluide inflammable a été introduit dans le circuit
- Risque accru lors de l’utilisation d’outillage électrique ou de postes à souder à proximité
- Refus d’indemnisation par les assureurs
- En cas d’incendie ou de dommages corporels impliquant un fluide inflammable non homologué
- L’assureur peut contester la prise en charge, en invoquant l’usage d’un produit non conforme
- Pollution des réfrigérants dans les stations de recyclage
- Mélanges impropres à la réutilisation
- Réservoirs de station contaminés, avec impossibilité de réemploi conforme des fluides
Pour un chef d’atelier, cela signifie : des risques humains, matériels et financiers très élevés…
pour un gain économique apparent à très court terme.
Duracool, Deepcool : aucun feu vert des constructeurs
Autre point clé : ces fluides alternatifs ne sont pas homologués.
Contrairement à ce qui peut être suggéré dans certains discours commerciaux :
- Aucun constructeur de véhicules n’homologue Duracool ou Deepcool pour leurs systèmes de climatisation.
- Aucun équipementier ne les valide, ni en première monte, ni pour le SAV.
Conséquence directe :
En cas d’utilisation de Duracool ou Deepcool dans un système prévu pour du R134a ou du R1234yf, la responsabilité du réparateur est engagée à 100 %.
Panne, casse compresseur, incendie, sinistre corporel…
C’est l’atelier qui se retrouve seul au banc des accusés.
Un facteur de pannes coûteuses : attention aux compresseurs
Même en mettant de côté réglementation et assurances, le risque technique est déjà suffisant pour dire stop.
Les fluides alternatifs à base d’hydrocarbures comme Duracool ou Deepcool :
- ne sont pas miscibles avec les huiles frigorifiques PAG ou POE,
- ces huiles étant justement celles utilisées dans les circuits R134a (HFC) et R1234yf (HFO).
Le résultat, vous le connaissez trop bien :
- Mauvaise lubrification dans le circuit
- Usure accélérée des organes internes
- Ruptures fréquentes de compresseurs
Pour l’automobiliste, c’est une facture salée.
Pour l’atelier, c’est :
- du temps perdu,
- une réputation abîmée,
- parfois la prise en charge partielle ou totale des réparations.
Tout ça pour quelques euros économisés au kilo de fluide.
Retour terrain : l’alerte du réseau ECOCLIM
Grâce aux remontées de son réseau de spécialistes de la climatisation véhicule ECOCLIM, SNDC constate une utilisation croissante de Duracool et Deepcool sur le terrain.
Les constats sont récurrents :
- circuits pollués et difficiles à remettre en conformité,
- compresseurs détruits après l’utilisation de fluides alternatifs.
Face à cette réalité, SNDC tient à alerter clairement la filière.
Les recommandations SNDC ECOCLIM pour les ateliers
Pour tous les ateliers intervenant sur des systèmes de climatisation R134a ou R1234yf, SNDC recommande :
- Mesurer précisément les risques
- Techniques : pannes, casses compresseurs, circuits hors spécifications
- Réglementaires : non-respect du Code de l’environnement
- Assurantiels : refus de prise en charge potentiels
- S’en tenir aux réfrigérants homologués
- Utiliser uniquement les fluides validés par les constructeurs et équipementiers
- Respecter les préconisations constructeur en fluide et en huile frigorifique
- Respecter scrupuleusement le Code de l’environnement
- Attestation de capacité pour l’entreprise
- Attestation d’aptitude pour les techniciens
- Traçabilité des fluides récupérés, recyclés ou détruits
- Informer et former les équipes
- Sensibiliser vos techniciens aux risques des fluides alternatifs
- Mettre en place des procédures claires de contrôle des circuits avant intervention
En résumé : le “fluide miracle” peut coûter très cher
Dans un contexte déjà tendu autour de la sécurité, de la responsabilité et de la transition environnementale, la tentation du fluide alternatif « miracle » et bon marché est compréhensible.
Mais pour un atelier professionnel, la vraie question est :
Êtes-vous prêt à risquer votre sécurité, votre conformité et votre réputation pour économiser quelques euros sur un fluide ?
Face à ce constat, nous appelons les professionnels à la plus grande prudence. SNDC recommande à l’ensemble de son réseau, à sa clientèle et plus largement à tous les ateliers intervenant sur des systèmes au R134a ou au R1234yf :
- Pas de Duracool, pas de Deepcool dans des systèmes prévus pour du R134a ou du R1234yf.
- Des réfrigérants homologués, des procédures conformes, une traçabilité maîtrisée.
- De respecter scrupuleusement les exigences du code de l’environnement.
Parce qu’au final, la meilleure économie, c’est celle qui vous évite :
les pannes en série, les litiges clients… et les ennuis juridiques.



